A mesure que l’on scrutait la brume de déclarations officielles, il devenait manifeste que derrière la rhétorique enflée se tapissaient des volontés contraires, des agendas dissimulés et des calculs partisans où la paix servait davantage de paravent que d’horizon.
Nathanaël Onokomba, fin observateur des convulsions politiques congolaises, avait d’ailleurs annoncé la couleur avec une lucidité tranchante. Depuis Kinshasa, il avait, pour reprendre son expression, « éventré le boa », dévoilant les abysses d’un cynisme que beaucoup percevaient sans oser l’articuler :
« Le président n’a, pour l’instant, aucun intérêt à résoudre la crise à l’Est ou à engager un vrai dialogue. Son calcul est clair : entretenir l’instabilité jusqu’en 2026 afin de forcer un dialogue national présenté comme une solution d’urgence, dans le seul but d’obtenir une prolongation de mandat de trois ans. »
Difficile de mieux cerner l’esprit d’une gouvernance qui s’accommode des fissures nationales pour y glisser des prolongations politiques au parfum d’usure et d’improvisation.
Mais la réalité, souvent plus brutale que les analyses, s’est chargée d’en administrer la preuve. Alors que la délégation de l’AFC/M23, fidèle à sa discipline coutumière, avait déjà pris place à Doha, un drone piloté depuis le Burundi selon des sources sécuritaires s’abattait sur le village de Mikenke.
Ce hameau, peuplé de civils et abritant un camp de déplacés banyamulenge dont les villages avaient été transformés en cendres, devenait le théâtre d’un bombardement nocturne dont l’écho glaçant contredit toute prétention au cessez-le-feu.
Ainsi va la diplomatie selon Félix Tshisekedi : l’art funeste de dire simultanément oui et non, de brandir l’étendard de la paix tout en actionnant les leviers de la violence. Comment évoquer, sans sourciller, le respect d’une trêve alors que l’on pilonne des populations déjà meurtries, déjà réduites à l’errance et à l’effroi ?
Maître Moïse Nyarugabo, dans une dénonciation nocturne empreinte d’une gravité presque testamentaire, relatait la scène :
« Il est 2h du matin ce 15 novembre 2025. Les drones de Tshisekedi viennent de bombarder Mikenke, village habité par des civils et où se trouve un camp de déplacés banyamulenge. Le bilan n’est pas encore établi, mais il ne saurait en être autrement que tragique. Des sources dignes de foi font savoir que ces bombardements précèdent une attaque généralisée menée par l’armée burundaise, les FARDC, les Wazalendo et les FDLR, convergeant vers Minembwe et Mikenke en guise d’assaut final. »
Deux généraux, l’un congolais, l’autre burundais, stationnent aux abords, orchestrant ce ballet meurtrier comme on réglerait les pas d’une danse macabre. Si nul revirement de dernière minute n’intervient, les survivants des drones et des Soukhoï seront, dans les heures qui suivent, livrés à une offensive terrestre destinée à annihiler les ultimes témoins de cette tragédie annoncée.
Il est encore temps, avertit Nyarugabo, d’arrêter la machine infernale et de saisir la paix ; autrement, la défaite sera totale, car les ténèbres ne sauraient régner éternellement, et la résilience de huit années des Banyamulenge à Minembwe devrait suffire à enseigner la vanité des entreprises d’extermination.
Pendant que l’Est gémit sous les bombardements et que Doha tente d’apposer aux fissures un vernis diplomatique, Kinshasa se livre à des gesticulations déroutantes. Le gouvernement, fidèle à sa rhétorique de façade, promet à grand renfort d’annonces la réouverture imminente de l’aéroport de Goma, tandis que les ministres sectoriels reçoivent des instructions dont la solennité peine à masquer l’impuissance.
De son côté, le sommet de la CIRGL, depuis Kinshasa, s’immisce dans la danse sans y avoir été convié, ajoutant un degré supplémentaire au désordre ambiant.
C’est là un véritable chaos politico-diplomatique, une cacophonie où l’accord de Doha engendre davantage de dissensions que de concorde, comme si, à force d’incohérences, l’on finissait par se perdre soi-même.
Et pour clôturer cette mascarade, Doha renvoie à d’autres discussions, d’autres négociations, d’autres dialogues censés se tenir ailleurs et tenter enfin d’aborder les questions essentielles, celles que l’on élude systématiquement : les causes profondes du conflit, les responsabilités historiques, les dynamiques d’exclusion et les projections géopolitiques qui nourrissent l’embrasement.
A ce stade, une évidence s’impose : l’Accord de Doha n’a pas scellé une paix, il a révélé une faillite, celle d’un pouvoir habitué à confondre diplomatie et diversion, stratégie et improvisation, souveraineté et vacarme.














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