Pour se donner une respectabilité auprès des bourreaux de leurs frères, ils ont choisi de s’avilir dans la trahison, allant jusqu’à se joindre à la cabale orchestrée contre les leurs. Mais leur sacrifice indigne n’a pas trouvé de récompense : la machine de l’exclusion les a rattrapés, avec la brutalité froide d’une évidence.
À New York, aux portes de l’ONU, là où ils pensaient entrer triomphalement dans l’espace feutré des négociations internationales, on leur a claqué la porte au nez. Motif dérisoire mais terrible : « ils ressemblent à Makenga ».
Comme si un simple visage, marqué par une origine, devenait en soi une accusation. Le message est limpide : on peut se dissocier des siens, se livrer à l’opprobre public, s’offrir en alibi aux discours les plus infâmes, mais on demeure assigné à l’identité qu’on a trahie. Le stigmate, pour le bourreau, ne s’efface jamais.
Voilà le triste sort des renégats : se renier pour complaire à un pouvoir génocidaire, et se voir finalement rejetés par ce même pouvoir au nom de l’appartenance que l’on a tenté d’effacer. Ils découvrent, mais trop tard, que la trahison est une dette qui se paie toujours, et qu’elle se paie au prix fort : la perte de l’honneur et l’humiliation publique.
Car aux yeux de l’histoire, ils ne sont pas des militants, encore moins des combattants de la vérité, mais de simples instruments interchangeables, utiles un instant, puis méprisés et jetés aussitôt.
Cet épisode new-yorkais est plus qu’un incident : c’est une métaphore cinglante. Elle rappelle que l’injustice contre les Tutsi n’a pas de frontières et que le négationnisme, nourri par les complices internes, ne recule devant rien, pas même l’infamie d’exclure à l’ONU, haut lieu supposé de l’universalité. Mais elle dit aussi que la compromission ne protège pas, qu’elle ne confère ni légitimité ni sécurité. Les renégats qui croyaient se soustraire à la condition de leurs frères en pactisant avec les bourreaux découvrent qu’ils ne sont que les prisonniers de leur propre lâcheté.
L’histoire retiendra ce paradoxe cruel : ceux qui ont voulu effacer l’identité de leurs frères ont été rappelés à cette même identité par ceux qu’ils servaient. Et leurs noms, désormais, ne résonneront plus que dans l’écho amer de la honte et de l’ignominie.

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