Le désaveu d’un monde lassé de Tshisekedi

Redigé par Tite Gatabazi
Le 25 septembre 2025 à 03:20

L’Assemblée générale des Nations Unies, au-delà de sa fonction protocolaire, constitue l’un des rites diplomatiques les plus éloquents de la scène internationale, un théâtre solennel où chaque chef d’État se mesure à l’écho que son discours suscite.

La tribune onusienne n’est pas seulement un lieu d’allocution, elle est le baromètre discret mais implacable de la considération qu’un dirigeant inspire à ses pairs : la densité de la salle, la gravité des silences, l’attention soutenue des délégations sont autant de signes qui consacrent ou ruinent une stature.

Dans ce rituel codifié, la réception vaut souvent plus que la parole elle-même, et l’audience attentive, ou au contraire la vacuité des bancs, traduit en langage diplomatique la véritable place d’un État et de son représentant dans le concert des nations.

Chaque année, la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies se transforme en un théâtre solennel où les nations viennent exposer leur vision du monde. Pour tout chef d’État, s’exprimer devant cette enceinte universelle est une épreuve de vérité : non seulement parce qu’il y livre son message, mais surtout parce que l’audience qui lui est accordée traduit, mieux que tout discours, le crédit dont il jouit auprès de ses pairs.

Dans cet espace symbolique, les mots ne se suffisent pas à eux-mêmes : ils ne prennent sens qu’à la lumière de l’attention qu’ils suscitent.

Un discours pour le vide

C’est précisément ce miroir impitoyable qu’a affronté Félix Tshisekedi Tshilombo lors de sa récente allocution. La salle, presque déserte, n’accueillait que son épouse et les membres d’une délégation pléthorique chargée d’atténuer l’âpreté du vide. Les rangées désertées disaient plus que n’importe quel communiqué officiel : le président congolais s’est retrouvé face à l’indifférence de la communauté internationale, signe éclatant de l’effacement progressif de sa voix sur la scène mondiale.

En diplomatie, l’absence vaut désaveu ; et ce désaveu fut cinglant. Dans le silence glacial des bancs vides, c’est toute l’inaudibilité de son discours qui se trouva mise à nu, révélant l’incapacité d’un leadership à susciter l’intérêt ou la confiance.

Car, à vrai dire, le monde n’a que trop entendu les complaintes ressassées d’un pouvoir dont la survie repose davantage sur la rhétorique victimaire que sur une vision d’avenir. La stratégie de larmoiement, consistant à désigner sans cesse l’ennemi extérieur pour masquer les défaillances internes, a fini par lasser.

La communauté internationale, confrontée à tant de défis urgents, refuse désormais de prêter une oreille attentive aux imprécations de ceux qui s’érigent en victimes perpétuelles tout en s’accommodant d’une gouvernance inopérante.

Ce vide diplomatique, véritable allégorie d’une perte de crédit, marque une étape décisive : la RDC ne saurait continuer à se réduire à une plainte permanente. Il lui faut retrouver le souffle d’une diplomatie constructive et d’une vision souveraine. Faute de quoi, l’histoire retiendra cette image d’un président parlant au vide comme la métaphore la plus éloquente d’un pouvoir déchu, dont les lamentations n’auront su convaincre ni le monde, ni son propre peuple.

Lors de sa récente allocution à l’Assemblée générale de l’ONU, Félix Tshisekedi Tshilombo s’est exprimé devant une salle presque déserte, qui n’accueillait que son épouse et les membres d’une délégation pléthorique chargée d’atténuer l’âpreté du vide

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