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Doha ou l’épitaphe d’un serment de Tshisekedi face à ses contradictions

Redigé par Tite Gatabazi
Le 22 juillet 2025 à 12:03

Après la signature de l’accord de principe de Doha, censé tracer les linéaments d’une sortie de crise à l’Est de la République Démocratique du Congo, un parfum d’amertume et de scepticisme se mêle aux commentaires.

Dans les travées diplomatiques comme dans les salons feutrés de la société civile congolaise, nombreux sont ceux qui exhument les anathèmes jadis proférés par le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, alors qu’il jurait avec emphase qu’il ne négocierait "jamais, entendez bien jamais", avec ceux qu’il qualifiait tour à tour de "pantins", de "suppôts du terrorisme", ou de "supplétifs d’intérêts extérieurs".

Mais voilà que, moins de deux ans après ces proclamations martiales, le discours s’effondre dans l’accommodement, et les "terroristes" d’hier redeviennent des interlocuteurs recevables. Ce retournement n’étonne guère ceux qui ont depuis longtemps décelé chez l’actuel chef de l’État une propension quasi pathologique à la palinodie cette manière sinueuse de dire et de se dédire, de décréter avec fracas avant de renoncer dans le silence.

Il est des figures politiques dont la parole, faute d’ancrage éthique, devient une pure variable d’ajustement. Leur boussole morale ne pointe que vers l’opportunité du moment, et leur loyauté, fluide et incertaine, s’évapore sitôt qu’elle devient contraignante. Chez de tels personnages, le langage se déprécie à mesure qu’il s’exhibe, et l’autorité du verbe se dissout dans l’incohérence assumée. Ils ne gouvernent pas : ils improvisent au gré des vents, préférant l’effet oratoire à la rigueur doctrinale, l’imprécation au principe, et l’esquive au courage de la continuité.

Ce qui s’observe ici, c’est moins un simple revirement tactique qu’une signature morale : celle d’un pouvoir dont la constance réside dans l’oscillation, et dont la parole, désacralisée par l’excès, n’a plus de poids que celui du soupçon.

A force de décréter puis de renier, de promettre puis de trahir, le discours présidentiel se fossilise dans l’incrédulité générale. Il ne mobilise plus, il désarme. Il ne convainc plus, il déconcerte. Il ne s’impose plus : il se dilue.

Après la signature de l’accord de Doha, censé ouvrir la voie à une sortie de crise à l’Est de la RDC, les réactions mêlent amertume et scepticisme

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