Et pourtant, si l’exhortation appelle l’adhésion par son souffle, elle se heurte à une réalité bien moins inspirante : celle d’un pouvoir qui, à maintes reprises, s’est rendu coupable de reniements, d’engagements foulés aux pieds, de promesses évaporées dans l’oubli ou la duplicité.
A quoi bon invoquer la paix avec emphase si les actes, eux, trahissent l’esprit même du contrat politique ? On ne demanderait, en effet, qu’à croire à cette conversion tardive au langage de la réconciliation et de la responsabilité, si seulement le gouvernement congolais avait, ne fût-ce qu’une fois, honoré dans la durée les termes de ses engagements.
Mais comment accorder crédit à un discours lorsque la parole publique, vidée de sa consistance, oscille au gré des vents partisans et des calculs de circonstance ? L’enjeu, dès lors, n’est plus tant dans la formulation de serments, si solennels soient-ils, que dans l’incarnation exigeante, patiente et transparente d’un véritable changement de paradigme.
La République Démocratique du Congo est à un tournant décisif de son histoire contemporaine. Après tant d’années d’instabilité, de déchirements et de souffrances endurées par les citoyens, le moment est venu, non de reconduire les sempiternelles incantations diplomatiques, mais de poser les jalons concrets d’un processus de paix véritable, fondé sur la responsabilité, l’engagement mutuel et la volonté ferme de rompre avec le cycle des violences qui a trop longtemps saigné l’Est du pays.
La déclaration de principes signée à Doha entre le gouvernement congolais et les représentants de l’Alliance Fleuve Congo/M23 (AFC/M23), sous l’égide bienveillante et méthodique du Qatar, n’est pas un énième document à ranger dans les tiroirs d’une diplomatie désabusée. Elle incarne une étape solennelle dans la réorientation du destin commun.
Le gouvernement, en toute conscience de la gravité du moment, s’est engagé avec loyauté et détermination dans ce processus. Il ne s’agit plus de gérer l’urgence sécuritaire, mais d’enclencher une dynamique politique, éthique et institutionnelle susceptible de prévenir, à la racine, la résurgence des affrontements fratricides.
Nous abordons à présent l’étape cruciale de la mise en œuvre. Dans les dix jours suivant la signature de cette déclaration, les parties concernées se retrouveront à nouveau à Doha pour entériner le communiqué de paix, pierre angulaire du dispositif.
Celui-ci détaillera les engagements opérationnels, les calendriers de désescalade, ainsi que les mécanismes de coordination entre les acteurs étatiques, les parties prenantes non étatiques et les facilitateurs internationaux. C’est à ce moment-là que la parole politique devra se muer en actes tangibles, vérifiables et durables.
La République Démocratique du Congo, par la voix du gouvernement qu’il a l’honneur de représenter dans ce processus, réaffirme sa pleine disponibilité à respecter chaque clause de cet accord. L’heure n’est plus aux postures ni aux faux-semblants. Il s’agit désormais d’incarner, sur le terrain, l’esprit de Doha : un esprit de dialogue, de réconciliation et de reconstruction.
Depuis le communiqué du 23 avril, un mécanisme d’observation et de vérification a été mis en place, permettant une surveillance quotidienne de l’évolution de la situation dans les zones concernées. Ces rapports, transmis de manière régulière, servent de socle à l’évaluation objective du respect des engagements par les différentes parties. Ils garantissent que la paix ne soit pas seulement souhaitée, mais construite méthodiquement, sous le regard exigeant d’une médiation impartiale.
Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que toute paix véritable implique des sacrifices, des compromis, une patience résolue. Mais nous croyons aussi que l’alternative à cette paix est bien plus coûteuse : la perpétuation de la souffrance, l’enracinement de la méfiance, l’effritement de l’unité nationale. C’est précisément pour conjurer ce spectre que le gouvernement s’est engagé sans réserve, dans un esprit de responsabilité historique, à faire de cette nouvelle séquence une réussite.
La paix, dit-on, n’est pas une abstraction ; elle exige constance, lucidité et volonté politique. Mais à observer la trajectoire tortueuse empruntée par les autorités congolaises, force est de constater que cette exigence n’a cessé d’être éludée, travestie ou reléguée au rang de simple rhétorique diplomatique.
Car par une série d’actes délibérés, répétés, souvent en contradiction flagrante avec les engagements solennellement proclamés, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a, en réalité, apporté la preuve tangible de sa réticence à embrasser sincèrement la voie de la paix.
Qu’il s’agisse de la violation des cessez-le-feu, de l’instrumentalisation des processus de dialogue, ou encore de l’opacité des alliances militaires et économiques nouées en marge des textes convenus, tout semble indiquer une volonté sourde de prolonger l’instabilité à des fins inavouées, peut-être obscures.
Ce refus latent de pacification véritable, masqué sous les oripeaux du discours républicain, jette une ombre inquiétante sur la sincérité du pouvoir en place, et invite à reconsidérer avec la plus grande vigilance les mobiles profonds qui sous-tendent sa prétendue quête de stabilité.
C’est à ce prix que nous pourrons, enfin, ouvrir une ère nouvelle pour nos enfants. Une ère où la sécurité ne sera plus un privilège, mais un droit ; où les armes céderont la place à la parole ; où le développement ne sera plus un rêve lointain, mais une réalité palpable pour chaque Congolais.

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