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La saison des putschs en Afrique

Redigé par Tite Gatabazi
Le 8 février 2022 à 07:38

En Afrique l’enthousiasme de la vague de démocratisation des années 1990 s’est transformé progressivement en une crise d’incertitude.

De 1991 à 2000, l’Afrique avait enregistré quinze coups d’états et huit la décennie suivante.

Ces coups d’états rappellent, hélas, qu’on a imposé des choix différents des priorités de la population avec des répercussions sur le plan politique.

Effectivement, la vie quotidienne des citoyens a accumulé des difficultés et n’a guère progressée depuis, alors que les institutions sont demeurées vulnérables et gangrenées par la corruption.

On se souvient d’avril 2019 quand un mouvement de soulèvement populaire a eu raison d’Omar El Béchir au Soudan après quatre mois de bras de fer.

Ce phénomène de résurgence de coups de force qui ressemble à une saison de moisson n’est pas uniquement un effet domino.

En effet, les coups d’états se succèdent à un rythme soutenu en Afrique de l’ouest. Et même des tentatives avortées.

En l’espace d’à peine un an, quatre coups d’état ont eu lieu dont deux au Mali (octobre 2020 et mai 2021), un au Tchad (mai 2021) et un en Guinée (septembre 2021).

Une tentative avortée en Guinée Bissau et des bruits de bottes à Kinshasa en République Démocratique du Congo.

Curieusement, la mise à l’écart d’Alpha Condé n’a suscité que peu d’indignation. Quelqu’un dira « service minimum ».

Des causes structurelles et profondes se retrouvent derrière ces coups d’Etats.

Car ces sorties dans les casernes pour s’emparer du pouvoir traduisent bien une crise politique plus profonde et déconnectée des attentes de la population, militaires compris.
Ces assauts à répétition contre les pouvoirs dits « constitutionnels » portent tout de même des griefs largement partagés par la population qui sont la corruption, le népotisme, la tyrannie et tout le reste.

Il n’est donc pas étonnant qu’on assiste à des scènes de liesse en Guinée, au Mali et au Burkina Faso lorsqu’un Président en exercice est déposé par l’armée.

Les causes du coup d’état sont surement ancrées dans le vécu quotidien du pays pour que les interventions extérieures puissent y exercer une influence significative.

Et l’Union Africaine n’a pu agir efficacement car elle reste désarmée devant les fluctuations qui s’opèrent sur le continent et toujours divisée sur la ligne à adopter face aux évènements.

L’unité reste de façade et les insuffisances tiennent lieu de doctrine.
Les pays concernés sont différents par la taille, la richesse, le niveau de développement et la structure socio-politique.

Néanmoins, sous cette diversité des situations on peut déceler des similitudes.
Il est peut-être temps, en raison des bouleversements qui agitent le monde, que les Africains se penchent sérieusement sur les causes réelles et sous-jacentes de cette recrudescence des putschs.

Car il faut se rendre à l’évidence : le discours ambiant sur les vertus des élections s’accommode mal des réalités endogènes dans ces pays et au delà.

L’organisation des élections sans reformes d’un système politique dysfonctionnel, sans amorcer la résolution d’une crise multidimensionnelle restera contre-productive.

Il va falloir apprendre des erreurs du passé pour sortir de l’impasse actuelle.


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