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Le Rwanda et la culture du pardon

Redigé par Tite Gatabazi
Le 28 mars 2023 à 11:10

La grâce présidentielle accordée à Rusesabagina, Sankara et les autres codétenus s’inscrit dans la culture du pardon que s’est assigné le Rwanda post génocide.

Le pardon est un processus qui aide à guérir les blessures émotionnelles causées par des événements traumatiques.

Les victimes se sont libérées des émotions négatives liées à leur expérience et à se concentrer sur leur propre guérison et leur rétablissement.

Les auteurs de crimes ont pu surmonter leur propre culpabilité et sont réconciliés avec eux-mêmes et avec leur communauté.

Le Rwanda avait déjà instauré des espaces de dialogues entre les bourreaux, génocidaires et les rescapés.

Les protagonistes se connaissent de longues dates, vivaient ensemble avant le génocide perpétré contre les tutsi.

De nouvelles histoires se sont tissées grâce à la médiation, des facilitations et des échanges.

La communauté s’est reformée et souvent dans le même voisinage.
C’est l’originalité de notre pays.

Pour tous, c’est l’occasion d’être écouté, ce qui n’était forcément possible dans d’autres circonstances.

Les victimes écoutent, interrogent, interpellent et racontent également. Et expérimentent doublement les pesanteurs de la douleur des souvenirs.

Ces rencontres ont souvent changé des vies et en bien.

On y apprend des parcours, des blessures, des embrigadements, des ressentiments mais surtout des aveux de culpabilité, des demandes de pardon et cet accord sincère d’absorption.

Le pardon est un acte de courage et de générosité. Il ne signifie pas oublier ou minimiser les actes qui ont causé la douleur et la souffrance.

Au contraire, le pardon implique de reconnaître la gravité des actes et de prendre la décision consciente de ne pas laisser la haine et la colère prendre le dessus.

Le pardon est un choix qui permet de transcender la violence et de créer un espace pour la réconciliation.

C’est là le génie rwandais qui en a fait un pays du pardon.

Le leadership visionnaire du Rwanda a aidé à apaiser les tensions et les peurs ainsi que les ressentiments.

Refusant de rester enfermer dans le statut soit de victime soit de bourreau mais de redevenir une personne.

De tourner cette page douloureuse et se reprendre en mains.

Les bourreaux sont souvent surpris de rencontrer des rescapés qui ne sont pas habités par la haine et sont admiratifs de leur degré de résilience.

On ne peut comprendre le Rwanda post génocide si on n’explore pas cet aspect de sa justice restauratrice, qui s’adresse à la fois aux victimes et aux bourreaux tous deux accompagnés par la communauté.

Le Rwanda s’est engagé dans cette démarche de rassembler les auteurs des crimes, les victimes et la communauté dans un objectif de responsabilité, de réparation et de réconciliation.

Le rétablissement du vivre ensemble est à ce prix.

Gacaca a eu le mérite de qualifier les actes de génocide, d’identifier les auteurs et de déterminer les sanctions.

C’est désormais ancrer dans la culture judicaire du Rwanda. Le système s’est doté des médiateurs à tous les niveaux administratifs, il existe un centre d’arbitrage et les rwandais ont de plus en plus recours aux accords amiables.

C’est dans cet esprit qu’il faut inscrire toutes les grâces présidentielles qu’on ne dénombre plus.

Des personnes condamnées qui expriment des regrets pour demander pardon.

Leurs propos atteignent profondément les personnes auxquelles elles les adressent car il y a reconnaissance du tort commis.

Il s’agit d’admettre sa culpabilité et être capable de se tenir responsable de ses actes. L’essentiel étant verbalisé.

Il y a du repentir dans la démarche et la promesse de s’améliorer à l’avenir. Au bénéfice de toute la société.

La culture rwandaise valorise le respect et l’empathie envers les autres. Cela se reflète dans les pratiques communautaires telles que l’ubuntu, un concept qui signifie "je suis parce que nous sommes".

Le concept d’ubuntu souligne l’importance des relations interpersonnelles dans la construction de la communauté.

Le Rwanda sait valorise la guérison collective et la restauration des relations brisées.

La grâce présidentielle accordée à Rusesabagina, Sankara et les autres codétenus s’inscrit dans la culture du pardon que s’est assigné le Rwanda post génocide.

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