Pyromane d’hier, pompier d’aujourd’hui ? L’hypocrisie d’un soutien belge à géométrie variable en RDC

Redigé par CK
Le 25 avril 2025 à 10:36

Le 23 avril 2025, un espoir de paix renaît dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Une déclaration conjointe entre le gouvernement congolais et l’Alliance Fleuve Congo/M23, rendue possible par la médiation du Qatar, annonce une trêve en vue d’un cessez-le-feu. L’initiative, saluée par les acteurs régionaux comme l’EAC et la SADC, ouvre la voie à un dialogue politique sur les causes profondes du conflit. Mais à des milliers de kilomètres de Goma, à Bruxelles, une voix s’élève, prétendant soutenir ces efforts. Celle de Maxime Prévot, vice-premier ministre belge, qui se rendra « dans la région dès ce vendredi ».

Derrière les mots, l’Histoire hurle

Car s’il est une nation qui devrait se garder de tout commentaire sur la RDC, c’est bien la Belgique. Ancienne puissance coloniale, l’État belge est l’architecte originel d’un désordre structurel qui, plus d’un siècle plus tard, continue d’empoisonner le destin congolais. Ce sont les cartographes de Léopold II qui, ignorant les dynamiques ethniques locales, ont délimité des frontières absurdes, semant les germes de conflits identitaires qui ensanglantent aujourd’hui encore l’Est du Congo.

Communautés oubliées, réalités niées

Les populations rwandophones du Kivu — souvent qualifiées de “Rwandais” — paient le prix fort de cette histoire coloniale. Considérées à tort comme étrangères, marginalisées, ciblées par des discours de haine, elles sont les premières victimes de l’amnésie géopolitique européenne. Et lorsque ces communautés réclament justice et reconnaissance, l’Occident, Belgique en tête, parle de “groupes terroriste”, évitant soigneusement d’interroger le rôle de Kinshasa dans la stigmatisation et les violences à leur encontre.

La diplomatie sélective de Bruxelles

Le message de Maxime Prévot pourrait prêter à sourire s’il n’était aussi cynique. Se féliciter d’une trêve sans jamais condamner les violations massives des droits humains commises par les FARDC et les groupes armés alliés, soutenir un gouvernement qui légitime les FDLR — auteurs du génocide contre les Tutsi — et qui a fait de la haine anti-rwandaise une doctrine d’État, relève d’un double discours inquiétant. Car où était la Belgique lorsque les populations du Nord-Kivu fuyaient les génocidaires FDLR ? Où était-elle lorsque les Casques bleus de la MONUSCO fermaient les yeux sur des massacres ciblant les Tutsi ?

Pyromane d’hier, pompier d’aujourd’hui

L’ingérence de la Belgique n’est pas nouvelle. Elle est structurelle. Elle est historique. De l’assassinat de Lumumba aux complicités silencieuses d’aujourd’hui, le fil rouge est clair : contrôler, influencer, maintenir une tutelle voilée sur un pays riche en ressources mais pris en otage par des logiques néocoloniales. Et maintenant que les Congolais, à travers le M23/AFC, proposent une issue pacifique à un conflit vieux de plusieurs décennies, voilà que la Belgique se précipite, en costume de médiateur, pour tenter de réécrire le récit.

Laisser les Congolais parler entre eux

Ce que la RDC a besoin aujourd’hui, ce n’est pas d’un énième représentant belge en quête de visibilité sur la scène diplomatique. C’est de silence. D’écoute. De respect pour les dynamiques locales. La paix ne viendra ni de Bruxelles, ni de New York. Elle viendra du terrain, des communautés meurtries qui acceptent, enfin, de se parler.

La Belgique devrait faire preuve d’humilité. Car on ne peut pas être à la fois l’auteur du chaos et le garant de l’ordre. On ne peut pas, dans la même phrase, défendre les droits humains et fermer les yeux sur le racisme structurel encouragé par Kinshasa. Et surtout, on ne peut pas s’autoproclamer médiateur quand on est, historiquement, partie au conflit.

Les déclarations de Maxime Prévot pourraientt prêter à sourire s’il n’étaient pas aussi cynique

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