Une prime de 50 millions de dollars pour l’arrestation de Nicolás Maduro

Redigé par Tite Gatabazi
Le 8 août 2025 à 02:27

Dans une nouvelle escalade aux accents de guerre froide et de diplomatie coercitive, les États-Unis ont annoncé, en ce jeudi 7 août, l’élévation substantielle de la récompense promise pour toute information conduisant à l’arrestation du président vénézuélien Nicolás Maduro. Initialement fixée à 25 millions de dollars, ladite prime atteint désormais la somme faramineuse de 50 millions de dollars, selon les déclarations conjointes du département de la Justice et du département d’État américain.

C’est sur le réseau social X que Pam Bondi, ministre de la Justice, a rendu publique cette décision spectaculaire, justifiée par des accusations de narcotrafic et de corruption à l’encontre du dirigeant sud-américain. Cette initiative s’inscrit dans la continuité des poursuites engagées en 2020, au crépuscule du premier mandat présidentiel de Donald Trump, et récemment relancées par la nouvelle équipe diplomatique menée par Marco Rubio.

Une réponse vénézuélienne cinglante

Sans surprise, Caracas a vigoureusement répliqué, dénonçant une "opération de propagande aussi grossière que pathétique", selon les mots du ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Yván Gil. Ce dernier a fustigé une entreprise relevant davantage du "cirque médiatique" que d’une véritable démarche judiciaire, accusant les États-Unis de recourir à des méthodes de déstabilisation pour soutenir une opposition vénézuélienne exsangue, dépourvue tant de légitimité que de base populaire.

La tension n’est pas nouvelle. Le 10 janvier dernier, à quelques jours de la fin du mandat de Joe Biden, Washington avait déjà qualifié l’investiture de Nicolás Maduro de "simulacre", estimant que sa réélection à un troisième mandat de six ans résultait d’un processus entaché d’illégalités. La Maison Blanche avait alors durci ses sanctions économiques et diplomatiques, étendant notamment l’embargo pétrolier et menaçant de droits de douane tout pays tentant d’acquérir le brut vénézuélien.

Un procès politique sous les atours du pénal

La justice américaine accuse Nicolás Maduro d’être à la tête d’un vaste réseau de narcotrafic, décrit comme un véritable cartel d’État, qui aurait exporté plusieurs centaines de tonnes de cocaïne vers les États-Unis en collaboration avec la guérilla colombienne des FARC et, plus récemment, avec des entités criminelles telles que le Tren de Aragua (gang vénézuélien notoire) et le cartel mexicain de Sinaloa. Ces accusations, bien que graves, n’ont à ce jour pas donné lieu à des procédures judiciaires internationales validées par des instances indépendantes, telles que la Cour pénale internationale.

Dans son communiqué, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a affirmé que "depuis 2020, Maduro a étranglé la démocratie au Venezuela, confisquant le pouvoir avec l’aide de l’armée et d’une administration entièrement inféodée à son autorité". Il a par ailleurs réaffirmé que les États-Unis ne reconnaissaient ni la légitimité du scrutin présidentiel de 2024, ni l’autorité politique de Maduro.

Vers une politique d’asphyxie totale

Les mesures répressives et les primes exorbitantes s’inscrivent dans une stratégie américaine globale d’asphyxie économique et politique du Venezuela. À cette fin, Washington entend isoler le régime de Caracas sur la scène internationale, réduire ses revenus pétroliers et encourager une transition de pouvoir favorable à ses intérêts géopolitiques dans la région.

À Caracas, cette tentative est perçue comme une ingérence manifeste et une récidive des politiques néocoloniales déguisées sous le voile de la lutte contre le narcotrafic. Le ministre Yván Gil, avec une ironie mordante, a résumé la posture américaine en ces termes : "Pendant que nous démantelons des complots terroristes venus de l’étranger, certains à Washington préfèrent orchestrer des spectacles médiatiques pour flatter l’aile la plus radicale et défaite de l’opposition vénézuélienne."

La surenchère américaine, mêlant pression judiciaire, manipulations diplomatiques et guerre économique, confirme la radicalisation de la posture de Washington à l’égard du régime bolivarien. Elle augure d’un durcissement des rapports nord-sud en Amérique latine, dans un contexte mondial où les alliances se recomposent et où les souverainetés nationales deviennent, plus que jamais, le champ de bataille d’influences antagonistes.

Les États-Unis ont doublé la récompense pour la capture du président vénézuélien Nicolás Maduro, la portant de 25 à 50 millions de dollars

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