L’épisode actuel autour de Vital Kamerhe en est une illustration saisissante : déjà tombé en disgrâce sous le mandat présidentiel dont il fut directeur de cabinet, déjà contraint aux affres d’un procès retentissant et d’un séjour carcéral, le voilà derechef au centre d’une tempête institutionnelle, pris dans l’étau d’une pétition qui rassemble plus de deux cents signatures et menace de fragiliser la stabilité du Bureau de l’Assemblée nationale.
La clarification maladroitement offerte par Augustin Kabuya, « qui s’excuse, s’accuse », pourrait-on ironiser, laisse transparaître ce climat délétère où les rivalités de personnes se substituent aux débats de fond.
L’UDPS, sommée de se justifier, nie toute orchestration de cette fronde parlementaire, mais le simple fait de devoir récuser une telle accusation révèle la profondeur du soupçon et la fragilité des équilibres internes au pouvoir. Ainsi, la capitale politique se voit livrée à une querelle d’egos où chaque camp cherche à préserver son influence plus qu’à défendre un projet collectif.
Cette énième crise institutionnelle n’est pas un accident de parcours : elle constitue l’expression récurrente d’un mal plus profond. Depuis trois décennies, le Congo semble prisonnier d’un cycle de luttes intestines où la conquête du pouvoir prime sur sa finalité. Les grandes questions nationales, sécurité, gouvernance, reconstruction économique, justice sociale se trouvent reléguées au second plan, sacrifiées sur l’autel des combinaisons personnelles et des marchandages entre factions.
Aucune formation politique, qu’elle soit du sérail présidentiel ou de l’opposition, n’échappe à ce constat : toutes semblent plus promptes à régler des comptes ou à manipuler l’arithmétique parlementaire qu’à proposer une vision de société à la hauteur des défis titanesques qui assaillent la nation.
Il en résulte une démocratie de façade, où le Parlement, censé être l’enceinte du débat national, se réduit trop souvent à une arène de gladiateurs où se rejoue la rivalité des ambitions individuelles. Vital Kamerhe, figure politique chevronnée mais aussi symbole des fractures et des compromis opportunistes, cristallise à nouveau cette impasse.
Sa mise en accusation, après sa réhabilitation politique et son retour aux responsabilités, dévoile le caractère profondément instable et répétitif du jeu congolais : un jeu où l’ennemi d’hier devient l’allié de demain, avant d’être de nouveau jeté aux orties selon les nécessités de l’instant.
Kinshasa, ville-théâtre de ces convulsions, demeure ainsi l’épicentre d’une politique sans dessein, où les institutions sont instrumentalisées au service des ambitions personnelles. Cette répétition tragique des crises institutionnelles traduit, au fond, le déficit abyssal d’un projet de société cohérent et partagé, capable de transcender les querelles d’appareils et d’incarner l’espérance populaire.
Tant que cette carence ne sera pas comblée, la scène congolaise ne cessera de rejouer les mêmes drames, avec les mêmes acteurs, et le pays demeurera prisonnier d’une instabilité chronique, stérile et profondément usante pour la nation tout entière.

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