En effet, aucune preuve tangible, irréfutable, n’a jamais été produite liant sans conteste l’ancien président Joseph Kabila Kabange à la coalition armée AFC-M23. Le seul grief mis en avant par ses détracteurs semble être sa présence ponctuelle à Goma et à Bukavu, villes martyrisées par la guerre, mais où vivent pourtant des millions de nos compatriotes. Ce simple fait, banal dans un État responsable, se voit ici instrumentalisé comme pièce maîtresse d’un procès politique.
Or, au lieu de vouer aux gémonies celui qui fut à la tête de l’État de 2001 à 2019, la République devrait au contraire lui reconnaître un acquis indéniable : celui d’avoir préservé l’unité d’un pays morcelé au lendemain de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, d’avoir refondé les structures étatiques et organisé trois cycles électoraux successifs, culminant avec une alternance pacifique fait rarissime dans l’histoire tourmentée de la République démocratique du Congo.
Prononcer une condamnation à mort au terme d’un procès mené sans défense réelle ni preuves convaincantes, alors que le pays est en proie à la guerre, n’est pas seulement un risque juridique : c’est une faute politique majeure. Le timing, la procédure et les conséquences interpellent, car un tel verdict menace de fracturer davantage la cohésion nationale et jette de l’huile sur un incendie déjà hors de contrôle.
Plus grave encore, cette justice, souvent silencieuse face aux crimes du régime en place, se montre sélective et arbitraire. Elle devient, dans ce cas précis, une justice « à la carte », soumise aux caprices du pouvoir, renforçant ainsi les arguments de ceux qui, désespérés, recourent aux armes pour se faire entendre.
La question se pose dès lors avec acuité : s’agit-il d’une stratégie cynique visant à organiser le chaos pour apparaître ensuite en sauveur providentiel, ou bien sommes-nous en présence d’un pouvoir totalement débordé, incapable de maîtriser les conséquences de ses propres actes ?
Quoi qu’il en soit, cette affaire dévoile une réalité implacable : il ne s’agit pas d’une décision judiciaire indépendante, mais bel et bien de la volonté politique du président de la République, travestie en prononcé de justice. La Haute Cour militaire, en se prêtant à ce simulacre, n’a fait qu’illustrer la dérive d’un système où l’État de droit se trouve bafoué, où la séparation des pouvoirs est foulée aux pieds, et où les institutions se discréditent aux yeux de la nation et du monde.
Ce verdict, grotesque et cynique, est une injure à la justice et une atteinte grave à la dignité de la République. Il sape la crédibilité des institutions congolaises et inflige une blessure profonde à une nation qui aspire, au contraire, à la réconciliation et à la stabilité.
La conclusion s’impose : si le gouvernement affirme que Joseph Kabila est bel et bien le chef de l’AFC-M23, alors la logique implacable voudrait que toutes les négociations, qu’elles se tiennent à Washington, à Doha ou ailleurs, soient conduites directement avec lui.
Faute de quoi, nous sombrons dans une contradiction grotesque : soit nous sommes gouvernés par des dirigeants cyniques, soit nous sommes, collectivement, réduits à l’absurde par l’inconséquence de ceux qui prétendent nous diriger.
Ainsi se vérifie une fois de plus la thèse implacable : la RDC n’est pas gouverné par des hommes d’État, mais par l’arbitraire des hommes au pouvoir. Et dans cette tragédie nationale, la justice, au lieu de s’ériger en rempart, n’est plus qu’un instrument de vengeance, un théâtre d’ombres où se joue la pièce la plus sinistre du dévoiement politique.

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