L’hyperbole médiatique, orchestrée par les cercles proches du pouvoir de Kinshasa, promettait des rencontres de haut niveau, un déjeuner avec Donald Trump, une entrevue tripartite avec le Président Kagame et le président américain à la Maison Blanche, ou encore un forum d’investisseurs américains, mais les attentes furent déçues, et les illusions dissipées.
Au final, seule une entrevue avec M. Boulos, personnalité certes connue mais n’ayant pas rang d’autorité au sein de l’administration américaine, est venue meubler un agenda qui se voulait fastueux. Tout le reste, de Washington à Manhattan, s’est évaporé dans le silence des absences et le poids des démentis.
À cette indigence de résultats s’est ajoutée l’image embarrassante d’une délégation pléthorique, composée de plus de cent vingt personnes, c’est-à-dire de courtisans venus davantage pour accompagner le cortège que pour contribuer au travail diplomatique.
Plus préoccupant encore, des témoins oculaires ont fait état de vives altercations, dégénérant parfois en véritables échauffourées au sein même de la délégation officielle, au point que certaines dames en vinrent à se crêper le chignon.
Un tel spectacle, indigne du rang que devrait incarner une représentation d’État, apparaît comme le symptôme alarmant d’une désorganisation chronique, minant jusque dans ses fondements la crédibilité et la cohésion de l’appareil étatique congolais.
Rhétoriques creuses, isolement croissant : le rendez-vous manqué avec l’Histoire
Le discours présidentiel prononcé à la tribune des Nations Unies, censé marquer l’opinion mondiale, a peiné à trouver l’écho escompté. L’évocation confuse d’un « génocide », tantôt économique, tantôt humain, a laissé perplexe un auditoire habitué à la rigueur des concepts et à la gravité des mots.
Cette approximation, symptomatique d’un pouvoir hésitant, a révélé l’absence d’une ligne claire et la difficulté du sommet de l’État à maîtriser les ressorts de sa propre communication internationale.
Deux forums avaient été annoncés comme les moments-clés de ce séjour : l’un consacré au prétendu « génocide économique », l’autre à l’investissement américain en République Démocratique du Congo. Or, dans les deux cas, la supercherie fut flagrante : les salles étaient essentiellement occupées par des Congolais expatriés ou des membres de la délégation importée de Kinshasa, et non par des décideurs internationaux. L’effet d’annonce s’est transformé en spectacle de complaisance, renforçant le sentiment d’un isolement croissant.
La rhétorique dithyrambique, pour sa part, atteignit des sommets d’absurdité. Le directeur général des impôts osa affirmer que jamais, depuis l’indépendance, les recettes de l’État n’avaient été aussi florissantes grâce au leadership de Félix Tshisekedi. Cette flatterie outrancière, totalement détachée des réalités économiques, illustre la culture de l’encensement qui gangrène le pouvoir congolais.
Plus préoccupant encore fut l’intervention du ministre de la Communication, Patrick Muyaya, affirmant sans ambages, dans un média américain, que « la démocratie et les droits humains ne doivent pas être considérés comme des vecteurs essentiels des relations internationales avec l’Afrique », en appelant les États-Unis à suivre « l’exemple chinois ». Une telle déclaration, non seulement déconcertante, mais dangereuse dans son orientation, soulève des interrogations majeures sur l’ancrage idéologique et les choix stratégiques d’un régime en perte de repères.
Au milieu de ce théâtre d’illusions, les propos mesurés de M. Boulos, évoquant à la fois les accords de Washington et de Doha et insistant sur la nécessité de s’attaquer aux « causes profondes » de la crise congolaise, résonnent comme un rappel sévère : l’administration américaine semble désormais considérer le dossier congolais dans toute sa complexité, sans se contenter des discours simplistes du pouvoir de Kinshasa.
Il devient dès lors manifeste que la diplomatie congolaise, loin de conquérir les espaces qu’elle prétend investir, s’enferme dans une bulle d’autosatisfaction et de propagande.
Or, selon l’adage éprouvé, « l’on peut tromper une partie du peuple tout le temps, et tout le peuple une partie du temps, mais l’on ne saurait tromper tout le peuple tout le temps sans en subir les conséquences ».
Ce séjour new-yorkais, par son décalage criant entre l’apparence et la réalité, risque fort d’en constituer la plus éclatante démonstration.

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