Urgent

La diplomatie du réalisme au service d’une paix fragile

Redigé par Tite Gatabazi
Le 29 septembre 2025 à 03:30

Les 17 et 18 septembre 2025 se sont tenus, à Washington, les travaux de la deuxième réunion du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (JSCM), créé dans le cadre de l’accord de paix signé le 27 juin de la même année entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.

Cette rencontre, à laquelle ont pris part non seulement les délégations congolaises et rwandaises, mais aussi les États-Unis, le Qatar, le Togo en qualité de facilitateur mandaté par l’Union africaine, ainsi que la Commission de cette dernière, s’inscrit dans une dynamique de consolidation progressive de la paix dans l’espace des Grands Lacs.

L’objet de ce conclave fut à la fois technique et hautement politique. Technique, parce qu’il s’agissait d’examiner, à travers l’échange de renseignements et de données sensibles, la réalité sécuritaire de l’Est congolais et d’établir une compréhension partagée de la situation sur le terrain.

Politique, parce que de ce tableau de renseignement commun découle désormais une approche concertée pour la mise en œuvre du « concept d’opérations » (CONOPS), centré sur deux impératifs cardinaux : la neutralisation définitive des FDLR et de leurs affidés locaux, et le désengagement corrélatif des dispositifs défensifs établis par Kigali.

Au-delà de l’élaboration technique d’un ordre opérationnel (OPORD) dont l’exécution a été fixée au 1er octobre 2025, les gouvernements de Kinshasa et de Kigali ont, une fois encore, solennellement réaffirmé leur adhésion à l’« état final » tel que décrit par le CONOPS : l’éradication de la menace des FDLR sur le sol congolais, la levée graduelle des mesures sécuritaires imposées par le Rwanda, la restauration pleine et entière de l’autorité de l’État congolais, et enfin la reconstruction patiente d’une confiance mutuelle, condition sine qua non d’une paix durable.

Il convient de relever ici la dimension diplomatique de ce processus. En exprimant leur reconnaissance aux États-Unis, au Qatar, à l’Union africaine et au Togo pour leur rôle de facilitation, les deux capitales ont admis la nécessité d’une médiation internationale rigoureuse et impartiale, seule capable de briser le cycle de suspicion qui mine depuis des décennies les relations bilatérales.

L’implication de Washington, en particulier, confère au processus un poids géopolitique non négligeable, plaçant le règlement de la crise congolaise dans une perspective où les impératifs régionaux rejoignent les priorités globales de sécurité et de stabilité.

Au demeurant, si les engagements réaffirmés à Washington traduisent un pas significatif vers l’apaisement, il reste à constater, dans les faits, la volonté politique de chaque partie à transcender ses calculs immédiats pour s’inscrire dans la logique d’un compromis historique.

L’avenir du processus dépendra moins de la solennité des déclarations que de la rigueur de leur mise en œuvre. Car la paix, dans les Grands Lacs comme ailleurs, ne s’improvise pas : elle se construit, pas à pas, dans la transparence des engagements, la vérifiabilité des actes et la sincérité des coopérations.

Washington aura donc marqué une étape : celle où le réalisme diplomatique a imposé la reconnaissance des causes structurelles du conflit et la nécessité d’une réponse concertée. Mais la véritable épreuve commencera le 1er octobre, lorsque l’ordre opérationnel cessera d’être une formule négociée pour devenir un test de bonne foi sur le terrain.

Le ministre rwandais des Affaires étrangères serrant la main de son homologue de la RDC

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