Urgent

L’apologie des mercenaires au sommet de l’État congolais

Redigé par Tite Gatabazi
Le 30 septembre 2025 à 11:27

L’inconscience, lorsqu’elle se mue en méthode de gouvernement, cesse d’être un simple travers individuel pour devenir la matrice d’une action publique pervertie. Elle se traduit par une banalisation de la légèreté au sommet de l’État, où l’irresponsabilité se déguise en stratégie et l’aveuglement en vertu politique.

Un tel mode de gouvernance engendre non seulement la désorientation des institutions, mais également l’érosion de toute crédibilité morale et intellectuelle de ceux qui prétendent incarner l’autorité publique. C’est là une dérive grave, car elle consacre le règne de l’improvisation et du cynisme au détriment de la rigueur, de la cohérence et du sens de l’intérêt général.

Ce qui se déroule aujourd’hui à Kinshasa ne saurait être qualifié de simple maladresse : il s’agit d’une inconséquence devenue une seconde nature au sommet de l’appareil d’État. Que le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, ancien directeur de cabinet du chef de l’État, se permette d’exalter publiquement, sur son propre compte X, le recours à des mercenaires, relève non seulement d’une imprudence inqualifiable, mais surtout d’une dérive qui confine à l’irresponsabilité d’État.

Nulle part ailleurs, si ce n’est en République démocratique du Congo, ne pourrait-on voir un haut dignitaire se glorifier, en toute impudence, de l’implantation de forces mercenaires sur le territoire national, foulant aux pieds le droit international, et notamment la Convention de l’OUA/UA de 1977 ainsi que la Convention des Nations unies de 1989 qui proscrivent clairement cette pratique.

Le souvenir est encore vif de la débâcle subie par des mercenaires roumains à Goma, à la fin du mois de janvier 2025, ces derniers bénéficiant d’ailleurs d’un passage sécurisé par Kigali. Cette humiliation n’a pourtant pas servi de leçon : le gouvernement congolais a choisi de persister dans l’illégalité en s’adjoignant désormais les services de mercenaires colombiens, recrutés par l’intermédiaire de « Blackwater », la sulfureuse société américaine contrôlée par Erik Prince.

Une telle obstination viole frontalement non seulement la lettre, mais aussi l’esprit des instruments diplomatiques récemment conclus, l’Accord de Washington et la Déclaration de principes de Doha censés encadrer le cheminement vers la paix dans la région.

Dans ces conditions, l’on ne peut que souhaiter que le Rwanda ne soit plus sollicité, comme par le passé, de se charger du rapatriement humiliant d’une nouvelle cohorte de mercenaires défaits.

Que le Vice-Premier ministre de l’Intérieur glorifie publiquement le recours à des mercenaires relève d’une imprudence grave et d’une irresponsabilité d’État

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