Officiellement attribué à un malaise foudroyant, ce décès s’est produit dans un contexte éminemment délicat, marqué par la présence simultanée à Uvira d’une imposante délégation ministérielle venue de Kinshasa et par l’ombre inquiétante du général autoproclamé Yakutumba, figure de proue des rébellions armées qui ensanglantent la région.
Transporté d’urgence à l’hôpital général d’Uvira, le haut gradé n’a pu être sauvé. Sa dépouille a été transférée sans délai à Kinshasa, où des obsèques nationales doivent être organisées. Mais, au-delà du rituel d’État, la brutalité de cette disparition soulève d’inévitables interrogations : comment expliquer qu’un officier supérieur, réputé robuste et rompu aux conditions les plus rudes des théâtres d’opérations, succombe ainsi de manière aussi abrupte ?
Le spectre des coïncidences et l’onde de panique
La concomitance des faits ne saurait être balayée d’un revers de main. Le décès est survenu alors même que Jacquemin Shabani, figure politique éminente, ministre de l’intérieur et de la sécurité, et proche du président Félix Tshisekedi, séjournait à Uvira avec une forte délégation gouvernementale.
La panique qui s’est emparée de nombre de ses membres, au point que plusieurs d’entre eux ont jugé plus sûr de passer la nuit à Bujumbura plutôt qu’à Uvira, révèle la profondeur de l’angoisse et la fragilité de l’autorité étatique dans cette partie de la République.
Quant à la présence remarquée de Yakutumba, elle accentue la portée symbolique de ce drame. Celui qui incarne, pour bien des Congolais, l’arrogance des seigneurs de guerre défiant depuis des années l’autorité centrale, se trouve ainsi indirectement associé à un épisode qui fragilise encore davantage la crédibilité de l’État.
Un signal funeste pour l’avenir du Kivu
La mort du général Mwaku Mbuluku dépasse donc le seul cadre d’un accident individuel. Elle cristallise les angoisses d’une armée minée par les rivalités internes, les infiltrations et les luttes de pouvoir. Elle met en lumière la précarité d’un appareil sécuritaire censé protéger les populations, mais dont les officiers eux-mêmes paraissent exposés aux plus mystérieuses fatalités. Elle souligne enfin le climat délétère où s’entremêlent intrigues politiques, menaces insurrectionnelles et soupçons d’empoisonnement, rappelant la longue litanie des disparitions suspectes qui jalonnent l’histoire militaire congolaise.
À l’heure où l’État congolais prétend réaffirmer son autorité dans l’Est meurtri, ce décès sonne comme un sombre présage : il révèle que les forces régulières ne sont pas seulement assiégées par l’ennemi extérieur, mais fragilisées de l’intérieur par une insécurité sournoise qui frappe jusque dans leurs plus hauts rangs. L’hommage officiel à Kinshasa, si solennel soit-il, ne saurait étouffer les murmures persistants d’un peuple en quête de vérité.

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