Plus de 2.500 individus et entités, parmi lesquels des responsables politiques, des hauts fonctionnaires, des entreprises stratégiques et jusqu’au président Vladimir Poutine lui-même, demeurent ainsi frappés par un gel de leurs avoirs dans l’espace européen ainsi que par l’interdiction de séjour sur le sol de l’Union. À cela s’ajoute l’ouverture de discussions en vue de nouvelles mesures restrictives, censées accroître la pression sur Moscou.
En apparence, cette fermeté affichée traduit la détermination européenne à répondre à la guerre d’agression russe. Mais derrière cette posture d’unité se cache une réalité plus amère : l’inefficacité manifeste de ces sanctions, qui, loin de briser l’économie russe, semblent au contraire renforcer la résilience du régime et précipiter le basculement de la Russie vers d’autres horizons géopolitiques.
Car si l’accès aux marchés européens et aux technologies occidentales s’est considérablement restreint, Moscou a su, par une habileté pragmatique, recomposer ses circuits commerciaux et financiers, trouvant dans ses alliances orientales et méridionales de nouveaux leviers de puissance.
La Russie, loin de s’isoler, a consolidé ses partenariats avec la Chine, l’Inde, l’Iran ou encore certains pays africains, transformant les sanctions en catalyseurs d’une réorganisation économique mondiale qui marginalise l’Europe. Pékin achète son énergie à prix réduit, New Delhi intensifie ses importations d’hydrocarbures russes, tandis que de nombreux pays du Sud global refusent de s’aligner sur les injonctions occidentales.
Ainsi, la prétendue asphyxie économique de la Russie n’a pas eu lieu ; au contraire, elle a accéléré la constitution d’un bloc alternatif, soudé par le rejet de l’hégémonie occidentale.
Dans ce contexte, les convocations des diplomates russe et biélorusse à Bruxelles, après l’incursion de drones dans le ciel polonais, apparaissent davantage comme des gestes symboliques que comme des instruments capables d’infléchir la stratégie du Kremlin.
Car Moscou, convaincu que le temps joue en sa faveur, capitalise sur la lassitude des opinions publiques européennes, sur l’usure économique du continent frappé par l’inflation énergétique, et sur les divisions latentes entre alliés.
Ainsi, chaque prolongation de sanctions révèle le paradoxe de l’Union : persuadée d’affaiblir la Russie, elle s’affaiblit elle-même, rongée par les contrecoups économiques, minée par les tensions sociales, et reléguée dans le rôle secondaire d’un acteur défensif qui réagit plus qu’il n’anticipe.
Pendant ce temps, la Russie, en dépit des pertes militaires et des contraintes économiques, poursuit son entreprise de guerre, soutenue par un réseau d’alliances et par une économie de substitution qui relativise l’impact des mesures occidentales.
En vérité, les sanctions répétées témoignent moins d’une stratégie efficace que d’une incapacité à repenser les rapports de force mondiaux. Elles révèlent une Europe crispée sur son instrument punitif, mais dépourvue d’une vision géopolitique cohérente pour affronter un adversaire qui, au lieu de plier, a su transformer l’adversité en opportunité.

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