Dans un document publié le 20 août 2025, HRW affirme que des combattants du M23 ont tué 140 civils dans quatorze villages du groupement de Binza — parmi lesquels Busesa, Kakoro, Kafuru, Kasave, Katanga, Katemba, Katwiguru, Kihito, Kiseguru, Kongo, Lubumbashi, Nyamilima, Nyabanira et Rubare. Selon l’ONG, la majorité des victimes seraient des Hutu, tués entre le 10 et le 30 juillet.
De son côté, le 6 août, le Bureau du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme (OHCHR) avait déjà dénoncé le massacre de 319 civils, cette fois dans quatre villages de Binza, entre le 9 et le 21 juillet.
Lors d’une conférence de presse organisée à Goma le 22 août, la direction de l’AFC/M23 a rejeté en bloc ces accusations, qu’elle juge « mensongères » et « dépourvues de toute vérification ». Selon le mouvement rebelle, ni HRW ni l’ONU n’ont envoyé d’enquêteurs sur les lieux présumés des massacres.
Le vice-président de l’AFC en charge de la politique et de la diplomatie, Bertrand Bisimwa, a affirmé que ces informations proviennent du groupe armé FDLR, qualifié de terroriste et historiquement hostile aux Tutsi.
« HRW est à New York, Londres et Paris. Comment peuvent-ils confirmer des faits censés s’être produits à des milliers de kilomètres, un mois plus tôt ? C’est de la propagande, et ce n’est pas la première fois. Ils sont connus comme les porte-parole du FDLR », a-t-il déclaré.

« Saboter les accords de paix »
Le vice-président de l’AFC en charge de l’économie et des finances, Freddy Kaniki Rukema, a pour sa part accusé HRW et l’ONU de chercher à torpiller le processus de paix engagé avec Kinshasa.
« Ils parlent de 319 morts, mais ne donnent ni photos, ni vidéos, ni noms. Comment expliquer que pas une seule victime n’ait d’identité ? En 2012 déjà, une telle campagne avait éclaté alors que le M23 s’apprêtait à signer un accord », a-t-il rappelé.
Selon lui, les accusations actuelles rappellent celles qui, il y a treize ans, avaient conduit le Conseil de sécurité de l’ONU à ordonner à la MONUSCO de lancer des offensives contre le M23 : « C’est le même scénario qui est en train de se rejouer », estime Kaniki.
Le 19 juillet dernier, l’AFC/M23 et le gouvernement congolais ont pourtant signé, avec la médiation du Qatar, des principes directeurs ouvrant la voie à un accord de paix global.
« L’objectif est clair : faire échouer les pourparlers de Doha, pousser la communauté internationale à nous diaboliser comme des criminels et rallumer la guerre », a insisté Kaniki, ajoutant : « Certains tirent profit de la guerre et ne veulent pas qu’elle s’arrête. »

Le spectre des tensions ethniques
Pour les dirigeants de l’AFC/M23, les rapports incriminant leur mouvement poursuivent également un but dangereux : attiser les divisions communautaires.
« Si les Hutu entendent dire que le M23 tue leurs semblables, ils peuvent se retourner contre les Tutsi. C’est un poison destiné à rallumer la haine ethnique », a dénoncé Kaniki.
Bisimwa a abondé dans le même sens : « Les accuser de tuer des Hutu ou des Nande sert à justifier les attaques contre les Tutsi, comme si Hutu et Tutsi étaient de nouveau en guerre. Or, la majorité de nos combattants sont eux-mêmes Hutu. Comment prétendre que nous aurions massacré des Hutu en utilisant des Hutu présents dans nos rangs ? »
La thèse des « deux génocides »
Bisimwa a par ailleurs accusé HRW de chercher à imposer une lecture biaisée de l’histoire : « Parce qu’il y a eu le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, ils veulent présenter la situation actuelle comme un génocide contre les Hutu de RDC. C’est la propagande dite des “deux génocides”. Ce n’est pas un hasard, c’est pensé, planifié, avec un objectif clair : maintenir les tensions dans la région des Grands Lacs », a-t-il déclaré.
Face à ces accusations, l’AFC/M23 a invité les organisations internationales à se rendre directement dans les villages concernés de Rutshuru pour y mener des enquêtes indépendantes, le mouvement assurant qu’il garantira un accès libre aux zones qu’il contrôle.

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