Quand Kinshasa engendre la violence et se dérobe à sa responsabilité

Redigé par Tite Gatabazi
Le 13 septembre 2025 à 09:30

Lorsque le ministre rwandais des Affaires étrangères, l’ambassadeur Olivier Nduhungirehe, prend la plume sur son compte X pour recadrer et restituer les faits dans leur vérité, il déstabilise immanquablement les adeptes de la langue de bois.

Ceux qui, par habitude ou par calcul, falsifient l’histoire et travestissent la réalité, se trouvent confrontés à une parole rigoureuse, factuelle et implacable, qui ne laisse aucune place aux approximations ni aux mensonges officiels. L’intervention de Kigali rappelle que la rigueur intellectuelle et l’intégrité diplomatique peuvent mettre en lumière les injustices les plus obscures et rappeler à chacun sa responsabilité morale et politique.

À Uvira, dans le Sud-Kivu, cette nécessité de vérité n’a jamais été aussi pressante. Les slogans creux, les formules convenues et les hashtags médiocres égrenés par le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, ne sauraient masquer l’ampleur abyssale de la crise. Dans cette cité et ses environs, la milice dite VDP Wazalendo, soutenue, armée et financée par les autorités de Kinshasa, se livre à des exactions d’une cruauté systématique, révélant l’émergence d’un monstre génocidaire que l’État congolais semble incapable, ou peu désireux, de contenir.

Les faits sont d’une clarté accablante. Le déploiement d’un général des FARDC a été refusé pour le seul motif de son appartenance ethnique tutsi, décision publiquement cautionnée par le député Justin Bitakwira, issu du parti majoritaire. Dans le même registre d’inhumanité, l’inhumation d’un autre général tutsi a été empêchée, tandis que des messages menaçants ont été adressés à l’ensemble des Banyamulenge et autres Congolais tutsi, les sommant de quitter le pays sous dix jours et de regagner le Rwanda.

Plus insoutenable encore, des enfants ont été armés et incités à perpétrer des actes meurtriers contre des populations civiles tutsies, et des citoyens ont été lynchés, tabassés et humiliés publiquement, le tout sous l’œil des caméras et des réseaux sociaux.

À cette barbarie s’ajoute l’entrave systématique à l’éducation, avec des menaces explicites de mort proférées contre les enseignants et élèves osant défier les ordres de la milice. Ces actes, perpétrés au grand jour, se déroulent dans un contexte de bombardements continus des Banyamulenge par des drones d’attaque envoyés par Kinshasa, illustrant l’ampleur d’une escalade militaire et ethnique soigneusement orchestrée.

Et pourtant, face à cette violence patente, Patrick Muyaya et le gouvernement congolais persistent à recycler des accusations en miroir, à brandir des slogans creux et à masquer par des phrases convenues l’ampleur de leur propre complicité. Il ne s’agit plus d’ignorance ou de maladresse administrative : il s’agit d’une stratégie de déni et de diversion.

La République démocratique du Congo, qui entretient déjà les FDLR, vient ainsi de créer un second monstre génocidaire, un instrument de terreur armé et financé par l’État lui-même. Ce monstre opère à ciel ouvert, défiant toute norme civile et toute autorité morale internationale. Pire, il agit en totale impunité, alors même que les Nations unies sont présentes sur le terrain, témoins silencieux de l’inexorabilité de ces crimes.

À l’heure où cette milice devient progressivement incontrôlable, il est impossible pour Kinshasa de se dérober à ses responsabilités. La complicité implicite, l’indifférence et l’instrumentalisation de la violence ethnique pèseront inexorablement sur l’État congolais. Les actes commis ne sauraient rester impunis, et leurs conséquences, politiques, juridiques et morales, devront être assumées sans détours ni faux-semblants.

L’histoire retiendra que le gouvernement congolais a, de manière consciente ou par incurie, permis la naissance d’un monstre. La communauté internationale, tant régionale que globale, ne saurait continuer à détourner le regard face à cette tragédie annoncée.

Les slogans creux, les formules convenues et les hashtags médiocres égrenés par le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, ne sauraient masquer l’ampleur abyssale de la crise

Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité