Il convient de dresser le triste inventaire des fautes. L’assassinat du député Cherubin Okende, l’emprisonnement du pasteur Ngoy Mulinda Nyanga, l’internement dans des conditions odieuses de journalistes tels que Stanislas Bujakera dont les images de Makala ont circulé comme un blâme universel composent une mosaïque d’abus qui ne sauraient être réduits à quelque regrettable anomalie.
A ces faits s’ajoutent les ruptures politiques spectaculaires, divorce violent avec Jean Marc Kabund, éviction de Vital Kamerhe et les carnages ayant ensanglanté Goma et Makala : autant d’épisodes qui témoignent d’une gouvernance instable, éprise de décisions impulsives plus que de stratégies pérennes.
Plus grave encore est le recours systématique aux instruments de la passion et de l’argent pour forger des alliances contre nature : financement de discours de haine, recrutement de mercenaires, versements massifs dépourvus de résultats tangibles, complicité avec des groupes armés tels que les FDLR, wazalendo.
Ces pratiques trahissent une logique de pouvoir court-termiste, prêt à tout pour conserver un avantage à portée de main, y compris au prix de l’intégrité étatique et du contrat social.
La condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila, prononcée en dépit des mises en garde internationales, constitue l’apogée funeste de cette trajectoire. Ce verdict, perçu comme une instrumentalisation juridique au service d’objectifs politiques, a rompu le fil ténu de la confiance internationale : il a montré que le recours à la justice peut être perverti en arme de combat politique, et que la responsabilité présidentielle peut dégénérer en vendetta institutionnalisée.
Il ne s’agit pas seulement d’un effritement d’image ; il s’agit d’une désaffection profonde et durable. La crédibilité se reconquiert par la constance, la transparence et le respect des normes ; elle se perd, et souvent pour de bon, par l’accumulation d’actes qui trahissent ces mêmes principes.
Aujourd’hui, le président Tshisekedi n’est plus seulement affaibli : il est discrédité aux yeux d’une partie substantielle de ses concitoyens et d’observateurs extérieurs, qui voient en lui l’architecte d’une gouvernance capricieuse, voire vindicative.
Que reste t il alors ? Reste l’urgence d’un sursaut moral et politique : reconnaître les erreurs, restaurer l’indépendance des institutions judiciaires, cesser les pratiques opaques et les financements opaques, engager un dialogue national sincère et inclusif.
Sans cela, toute tentative de redressement restera vaine ; la perte de crédibilité se muera en déficit irréparable, et la République pâtira longtemps de l’ombre d’un leadership disqualifié.
En définitive, la question n’est plus seulement de savoir si Félix Tshisekedi peut regagner la confiance : c’est de savoir si, à la tête d’un État meurtri et défiant, il est encore capable d’abdiquer les pratiques qui l’ont fait choir. Tant que ces pratiques perdureront, le nom du chef de l’État restera associé non à la restauration de la République, mais à sa déchéance politique.

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