L’opposition congolaise face à l’épreuve de l’action

Redigé par Tite Gatabazi
Le 13 novembre 2025 à 12:30

« Je refuse que notre histoire soit monnayée », lançe avec gravité Olivier Kamitatu dans un élan d’indignation qui a résonné au-delà des cercles politiques. Cette phrase, dense et vibrante, trahit la lassitude d’un homme qui voit son pays sombrer dans la compromission, la résignation et la confusion.

Dans sa voix, c’est tout un pan de la conscience congolaise qui se cabre contre l’indignité. Mais à cette éloquence qui ébranle les réseaux et galvanise les foules, le peuple oppose une question légitime : après les mots, que reste-t-il ?

Olivier Kamitatu n’en est pas à sa première diatribe. Fin lettré, orateur affûté, il a souvent su trouver la formule juste, celle qui résume la décadence ambiante et rappelle à la mémoire collective le sens du combat.

Son verbe, d’une élégance rare dans le champ politique congolais, tranche avec la vulgarité de certaines tribunes et redonne, le temps d’une phrase, la fierté d’un langage de résistance. Pourtant, cette verve ne saurait se suffire à elle-même. Car le pays n’a que trop entendu les discours flamboyants : il attend désormais les gestes qui les incarnent.

Face à un pouvoir qui, de crise en crise, épuise les institutions et fragilise la nation, l’opposition congolaise paraît souvent prisonnière de son propre verbe. Les analyses s’enchaînent, les condamnations se répètent, mais le terrain de l’action demeure un désert.

Les coalitions se font et se défont au gré des intérêts, les ambitions personnelles l’emportent sur les projets collectifs, et la voix du peuple, lasse, se dissout dans le tumulte des rivalités. Or, sans stratégie claire, sans structure unifiée et sans courage d’incarner l’alternative, toute indignation, fût-elle noble, se perd dans le vent.

Il ne s’agit plus de s’indigner, mais de construire. De passer du verbe à la vision, de la rhétorique à la responsabilité. La République démocratique du Congo, blessée, morcelée, humiliée, ne se relèvera ni par la colère seule ni par les sermons, mais par un sursaut collectif et discipliné.

Olivier Kamitatu, en rappelant la sacralité du serment de résistance, touche un nerf essentiel : celui de la dignité politique. Reste à savoir si cette dignité trouvera enfin à s’exprimer dans les actes, car le peuple congolais, fatigué des promesses et des postures, ne demande plus des orateurs ; il attend des bâtisseurs.

Olivier Kamitatu a exprimé son indignation en affirmant qu’il refusait que l’histoire de son pays soit monnayée

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