Quand la corruption congolaise dévore l’Etat et la paix en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 11 novembre 2025 à 09:00

On ne gouverne pas un pays en distribuant des mallettes de dollars à l’étranger sous couvert de lobbying diplomatique, pas plus qu’on ne bâtit une nation en abandonnant ses citoyens à la misère, aux ténèbres et à l’insécurité.

Pourtant, telle semble être la trame de la gouvernance congolaise actuelle : une République captive de l’argent facile, des réseaux d’intérêts et de la duplicité politique, où l’État s’efface au profit d’une oligarchie prédatrice.

La corruption n’est plus, en République démocratique du Congo, un simple vice administratif : elle est devenue la matrice du pouvoir, la langue commune de l’influence et la clé de voûte d’un système dont la survie repose sur la distribution du privilège et la mise en scène du chaos.

Des millions sont dissipés dans des opérations de charme diplomatique et des campagnes d’image stériles, pendant que les rues de Kinshasa croulent sous les déchets, que la capitale suffoque dans les embouteillages et que l’obscurité règne faute d’électricité.

A cette décadence matérielle s’ajoute une insécurité endémique, symptôme d’un État qui ne protège plus, mais tolère, voire pactise avec les forces qui le démembrent.

Sous le régime actuel, la confusion entre puissance publique et enrichissement personnel atteint des proportions qui frisent l’indécence. Les « frappeurs » et autres affidés du pouvoir, véritables satrapes urbains, s’arrogent impunément les ressources du pays, s’enrichissant au vu et au su de tous, pendant que le peuple patauge dans l’indigence et la désillusion.

Cette corruption systémique, loin d’être une simple tare morale, constitue une menace existentielle pour l’État congolais : elle sape les institutions, ruine la confiance populaire et annihile toute capacité de réforme.

Les partenaires internationaux, lassés de financer des plans de paix ou des programmes de développement aussitôt absorbés par l’opacité budgétaire et les circuits occultes, voient désormais la RDC comme un gouffre moral et financier.

Comment bâtir la paix dans l’Est lorsque les budgets humanitaires, les crédits de reconstruction et les investissements étrangers disparaissent dans les sables mouvants de la kleptocratie ? Comment espérer la stabilité régionale quand le pouvoir central lui-même semble nourri par le désordre qu’il prétend combattre ?

La gouvernance congolaise actuelle repose sur une inconstance érigée en méthode : aujourd’hui alliée des chancelleries occidentales, demain courtisane des puissances émergentes ; aujourd’hui pacifiste dans les discours, demain va-t-en-guerre dans les actes.

Cette versatilité politique n’est pas le signe d’une diplomatie souple, mais celui d’un opportunisme sans boussole, où chaque posture se mesure à l’aune du gain immédiat et de la rente à préserver.

Or, un État sans constance ne peut inspirer ni respect ni confiance. La RDC, riche de tout ; terres, eaux, minerais, peuples, est paradoxalement appauvrie de l’essentiel : la discipline morale et la rigueur institutionnelle. Tant que le pouvoir continuera de confondre gouvernance et prédation, tant qu’il préférera l’éclat éphémère de la corruption à la construction patiente de la justice, aucune réforme ne tiendra, aucun accord de paix ne survivra.

Il est urgent de comprendre que la crise congolaise n’est pas seulement militaire ou humanitaire ; elle est avant tout morale et politique. Elle naît d’un divorce tragique entre l’État et la vertu, entre le pouvoir et la responsabilité. Les efforts extérieurs, missions onusiennes, médiations régionales, plans de reconstruction ne peuvent réussir que si, au cœur du système, renaît un minimum d’éthique publique.

Mais pour l’heure, la RDC demeure un théâtre où se joue la farce d’une République dévoyée : les acteurs changent, les spectateurs se lassent, mais la pièce reste la même, celle d’un pays prodigieusement riche, dévoré par l’appétit de ses propres serviteurs et condamné à répéter son malheur tant qu’il ne saura opposer à la corruption la seule force qui vaille : celle de la vérité, de la loi et de la dignité retrouvée.

Gouverner un pays, ce n’est pas distribuer des dollars à l’étranger ni abandonner ses citoyens. Pourtant, en RDC, l’État cède le pas à une oligarchie prédatrice

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