La reconnaissance de l’État de Palestine est un tournant diplomatique stratégique

Redigé par Tite Gatabazi
Le 23 septembre 2025 à 11:42

Le 22 septembre 2025, devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, la France a accompli un geste diplomatique d’une portée historique en procédant à la reconnaissance officielle de l’État de Palestine.

Emmanuel Macron, en soulignant que « le temps est venu », a inscrit la République française dans le cercle restreint des seize États membres de l’Union européenne ayant franchi ce seuil symbolique. Cette décision, loin de se limiter à une déclaration protocolaire, s’inscrit dans un calcul stratégique visant à peser sur l’équilibre géopolitique du Proche-Orient. Elle réaffirme que la France entend concilier fermeté face au terrorisme et engagement pour la souveraineté et la dignité du peuple palestinien.

Ce geste n’est pas fortuit, mais le résultat d’une préparation diplomatique méthodique. Après des visites significatives en Égypte et à la frontière de Gaza au printemps, Emmanuel Macron avait déjà évoqué la possibilité d’une reconnaissance officielle, avant que l’escalade des tensions régionales ne contraigne à différer l’annonce.

La confirmation en juillet de son intention de procéder lors de l’Assemblée générale a permis de préparer un moment solennel et réfléchi, renforçant la légitimité de la démarche française.

En rejoignant des nations telles que le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, le Portugal, la Belgique, le Luxembourg et Malte, la France consolide un front européen favorable à la reconnaissance palestinienne et s’aligne sur plus de 146 États membres de l’ONU, y compris des puissances majeures comme la Chine et la Russie.

Seuls les États-Unis persistent dans l’opposition, freinant l’intégration pleine et entière de la Palestine au sein de l’Organisation des Nations unies.

Diplomatie proactive et enjeux géopolitiques : la France comme arbitre conscient

Cette reconnaissance dépasse le simple geste symbolique : elle traduit une lecture fine des rapports de force régionaux et internationaux. Inscrite dans le cadre de la « Déclaration de New York » adoptée le 12 septembre, elle réaffirme la nécessité d’un État palestinien viable, exclut la participation du Hamas et appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Emmanuel Macron a tenu à rappeler que ce positionnement ne portait pas atteinte aux droits du peuple israélien, soulignant l’« amitié indéfectible » de la France envers Israël, tout en condamnant vigoureusement les attaques terroristes du 7 octobre et en exigeant la libération des otages détenus par le Hamas.

Cette initiative illustre la conversion de la reconnaissance diplomatique en un outil de pression politique : en isolant le Hamas et en renforçant l’autorité de structures palestiniennes crédibles, Paris entend créer un cadre propice à la stabilité et à la sécurité. Le soutien à la formation et à l’équipement des forces de sécurité palestiniennes ne relève pas seulement de l’assistance technique ; il s’inscrit dans une stratégie de consolidation de l’État palestinien, nécessaire pour garantir la pérennité d’une solution à deux États.

Au-delà de l’acte, c’est la vision stratégique qui importe : la France se positionne comme un acteur capable de conjuguer puissance morale et diplomatie efficace, entre exigence de sécurité et promotion d’une paix durable. En reconnaissant l’État palestinien, Paris envoie un signal clair : la légitimité politique et diplomatique ne peut être obtenue par la force seule, et la paix exige la combinaison de responsabilité, de dialogue et de fermeté stratégique. Cet acte, à la fois symbolique et opératif, pourrait redessiner les équilibres régionaux et européens, en inscrivant la France dans le rôle d’arbitre conscient, capable d’influer sur la dynamique d’un conflit qui a trop longtemps résisté à toute solution durable.

la France a accompli un geste diplomatique d’une portée historique en procédant à la reconnaissance officielle de l’État de Palestine

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