Félix Tshisekedi ou l’art de l’inversion des responsabilités

Redigé par Tite Gatabazi
Le 23 septembre 2025 à 12:54

Il est des instants politiques qui, par leur théâtralité cynique, révèlent la nature profonde d’un dirigeant. La réaction de Félix Tshisekedi à la démission de Vital Kamerhe appartient à cette catégorie. Avec un aplomb déconcertant, le Chef de l’État a déclaré : « J’ai appris comme vous la démission de Vital Kamerhe. (…) Je continue de le considérer comme un allié, comme un frère, à moins qu’il n’en décide autrement. »

Une telle rhétorique, présentée comme gage de sérénité, n’est en réalité que la mise en scène d’une duplicité méthodique. Car derrière le vernis des mots, chacun sait que l’opération ayant conduit au départ précipité de Kamerhe fut soigneusement orchestrée depuis le cœur même du pouvoir présidentiel.

Le procédé est désormais bien rodé : s’exonérer de toute responsabilité directe, feindre la neutralité, se poser en garant de la stabilité tout en tirant les ficelles en coulisses. Vital Kamerhe lui-même, dit-on, s’en fut implorer le soutien du Président ; Tshisekedi fit mine de concéder, invitant même son cousin député à neutraliser la motion.

Mais sitôt la rencontre achevée, les consignes contraires furent données, scellant ainsi la disgrâce du partenaire d’hier. À la manœuvre, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, n’eut aucune gêne à proclamer devant Jean-Marie Kassamba qu’il agissait en parfaite conformité avec le Chef de l’État. Où est donc la cohérence ? Où est la loyauté ?

Le cynisme érigé en méthode de gouvernement

Cette inversion des responsabilités n’est pas une maladresse passagère : elle est l’ADN du pouvoir de Félix Tshisekedi. Poignarder son allié dans l’ombre, puis le qualifier publiquement de « frère » ; se présenter comme l’arbitre au-dessus des passions, alors même que l’on en est l’instigateur principal ; proclamer vouloir la stabilité, après avoir fomenté la discorde : tel est l’art du cynisme politique porté à son paroxysme.

Dans cette dramaturgie, l’adversaire d’hier devient l’allié du jour, le compagnon d’aujourd’hui la victime de demain. Les responsabilités sont toujours inversées : ce n’est jamais le Président, mais l’institution ; jamais la volonté personnelle, mais une fatalité impersonnelle.

Tshisekedi réussit ainsi l’exploit de transformer ses propres intrigues en événements indépendants de sa volonté. Mais cette posture de désengagement permanent finit par se retourner contre lui. Car à force de travestir les faits, la parole présidentielle se vide de toute crédibilité.

Qui peut encore croire un seul mot d’un chef de l’État qui, d’un même souffle, trahit et rassure, renverse et console ?

La vérité, crue et implacable, est que Félix Tshisekedi n’est pas seulement prisonnier d’une politique des trahisons successives ; il en a fait son unique boussole. Or, un pays ne se gouverne pas sur la base du cynisme et de l’imposture. L’inversion permanente des responsabilités, si elle peut berner l’instant, finit toujours par miner la confiance durable, et par dévoiler l’homme pour ce qu’il est : un maître de l’ambiguïté, mais un chef dépourvu de fiabilité.

La réaction de Félix Tshisekedi à la démission de Vital Kamerhe illustre, par sa théâtralité cynique, la vraie nature du dirigeant

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