Une étape importante avait pourtant été franchie le 25 avril 2025, lorsque la RDC et le Rwanda, avec l’appui des États-Unis, ont signé un accord établissant des principes directeurs pour le rétablissement de la paix dans la région des Grands Lacs. Cette entente, saluée avec un optimisme partagé tant à Kinshasa qu’à Kigali, semblait marquer la fin d’une stratégie longtemps reprochée à la RDC : faire du Rwanda le bouc émissaire systématique des violences dans l’est de son territoire.
Dans la foulée, les États-Unis ont annoncé la signature, en juin 2025 à Washington D.C., d’un accord de paix définitif. Ce texte historique devrait ouvrir la voie à un partenariat trilatéral renouvelé entre les États-Unis, la RDC et le Rwanda, centré sur la paix, la stabilité et le développement régional.
En parallèle, un climat d’apaisement notable s’était instauré au niveau des canaux de communications officielles de la RDC. Des personnalités telles que la ministre Thérèse Kayikwamba et le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, avaient mis un terme à leurs discours virulents à l’encontre du Rwanda, conformément à l’engagement bilatéral convenu en avril, les obligeant à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire.
Cependant, cette accalmie verbale n’aura été que de courte durée. Lors d’une interview accordée au média allemand Deutsche Welle, Thérèse Kayikwamba a ravivé les tensions en réitérant ses accusations à l’encontre du Rwanda, qu’elle accuse de compromettre la sécurité dans l’est de la RDC et de s’en prendre aux forces de maintien de la paix de la MONUSCO.
« Nous avons une très grande mission de maintien de la paix, mais un de nos pays voisins, et un des plus grands contributeurs aux opérations de maintien de paix, à savoir le Rwanda, viole notre intégrité territoriale. ce pays a aussi été associé à des violences contre des soldats de paix. Donc, pour nous, une des grandes réformes, c’est aussi la redevabilité des pays contributeurs de troupes. », a-t-elle affirmé.
De son côté, le gouvernement rwandais a catégoriquement rejeté ces accusations, les qualifiant de manœuvre visant à détourner l’attention de la communauté internationale sur les véritables causes de l’instabilité dans l’est de la RDC. Kigali pointe notamment la mauvaise gouvernance et les violences systémiques infligées aux Congolais rwandophones.
Tout en affirmant sa détermination à défendre sa souveraineté, la RDC est, selon Kigali, un refuge et un soutien actif du groupe terroriste FDLR, dont l’objectif avoué est de déstabiliser le Rwanda. Par ailleurs, le gouvernement rwandais rappelle les déclarations du président congolais Félix Tshisekedi, qui a, à maintes fois exprimé publiquement son intention de renverser le régime de Kigali.
Face à ces menaces, le Rwanda a renforcé son dispositif de défense le long de sa frontière avec la RDC. Le 27 janvier 2025, ces mesures lui ont permis de repousser une attaque attribuée à une coalition incluant les FARDC, survenue peu avant la prise de contrôle de la ville de Goma par l’alliance AFC/M23. Cette offensive a tragiquement causé la mort de 16 civils dans le district de Rubavu, fait 161 blessés et endommagé environ 200 habitations.
Interrogée sur la prise en compte, par la RDC, des préoccupations sécuritaires exprimées par le Rwanda, la ministre Kayikwamba a répondu que les victimes étaient majoritairement congolaises. « Certes, le Rwanda a des préoccupations sécuritaires légitimes, mais ne parlons pas dans la théorie, parlons de manière très concrète, les dizaines de milliers de morts sont-ils congolais ou sont-ils rwandais ? ils sont congolais, les femmes violées sont-elles congolaises ou rwandaises ? elles sont congolaises. », a-t-elle lancé.
En dépit d’un climat encore marqué par de fortes tensions, les discussions entre les deux pays se poursuivent. L’ambassadeur Olivier Nduhungirehe, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a confirmé que le Rwanda et la RDC avaient conjointement soumis aux États-Unis un projet d’accord de paix, actuellement analysé par des experts.
Il a précisé qu’au cours de la troisième semaine de mai 2025, lui-même et son homologue congolaise se rendraient de nouveau à Washington D.C., afin de finaliser le texte en vue de sa signature officielle imminente.
Interrogée sur le degré de confiance accordé à la médiation américaine, Thérèse Kayikwamba a rappelé que l’engagement de la RDC dans ce processus s’inscrivait dans le cadre de l’initiative de Luanda, dont l’objectif central est de favoriser la conclusion d’un accord de paix durable entre les deux nations. Elle a ajouté que, pour autant que les parties prenantes fassent preuve de sincérité et d’intégrité, la RDC était pleinement disposée à s’investir dans cette dynamique diplomatique cruciale.
Elle a toutefois exprimé des doutes quant à la volonté du Rwanda de respecter les engagements pris à Luanda, au Qatar et à Washington. Fait notable, elle n’a pas précisé si la RDC était, de son côté, disposée à honorer ses propres engagements, notamment celui du démantèlement des FDLR — un point régulièrement évoqués par Kigali.

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